Oui, l’Université française campe sur une île où règnent de bien étranges coutumes. Les programmes changeants dé nos concours de recrutement de l’enseignement public plongent les universitaires des pays voisins dans la perplexité. Ils font partie de nos traditions. Il est facile de les critiquer, malaisé de les remplacer. Ce livre, devoir de vacances qu’impose la fidélité à la règle, cherche à rendre service aux candidats à ces concours. C’est son premier objectif. Il s’efforce donc de couvrir la totalité du sujet dans un libellé qui nous est proposé : Réforme et Contre-Réforme (1517-1620). Fallait-il ajouter un livre aux cent mille titres d’une bibliographie qui est elle-même un sujet d’histoire ? Ce siècle des hautes eaux religieuses a fasciné les générations qui se sont succédé depuis le XVIe siècle en Europe et partout où l’Europe a essaimé. Il nous invite donc à un pèlerinage aux sources mêmes de notre identité. Pour se retrouver dans ce mare magnum, il fallait un guide, quelques règles de lecture. Le christianisme est certes une religion. Il faut être inculte pour le nier. Mais ce n’est pas une religion comme les autres. Il renvoie à une histoire, à quelque chose qui s’est passé une fois, quelque part dans l’espace-temps. Il est donc fondamentalement rapport culturel à la mémoire. Interrogeant la mémoire de 1517, on ébauchera une anthropologie du fait religieux chrétien. Cette anthropologie introduit un système explicatif du long siècle des Réformes. On ne peut isoler le fait religieux. Ce qui nous retient, ce sont les rapports de l’Église, de la culture et de la société pendant ce long siècle des deux Réformes opposées et pourtant complémentaires de l’Église. Après la rupture donc, nous posons les deux chrétientés face à face jusqu’au seuil des années 1620 qui constitue le vrai point de départ de la Modernité.