Nous tenons là un roman, qui renouvelle le genre des romans-lettres qui plaisaient tant aux XVIIIe et XIXe siècles. L’auteur utilise les messageries du minitel, pour conduire une conversation passionnante. Le dialogue, que le narrateur entretient avec un homme âgé, a une portée universelle. Toutes les ressources de la dialectique sont mises en œuvre, sans que jamais l’intérêt ne faiblisse, ni que l’on tombe dans le scabreux ou le sentimentalisme. Une conversation digne des siècles passés, dans un style classique et épuré. Jacques Dauer a été un homme politique. Il ne l’a pas oublié. Aussi retiendra-t-on l’entretien avec cet ancien ministre du Général de Gaulle, notamment la partie qui traite de la guerre économique, que le Japon mène à l’encontre du monde. Étonnant ! Prophétique ? Si, dans la première partie, l’auteur se livre à une recherche philosophique et mystique provenant du silence et de la méditation, dans la deuxième, l’intrigue romanesque se développe vers la psychologie des personnages, confrontés aux événements quotidiens et à leur destin. L’intérêt du récit est toujours soutenu, les développements de l’action, intéressants ; les rebondissements, étonnants. Mais la troisième partie est certainement la plus belle, quoique la plus courte. Le dénouement émeut, impressionne. L’auteur sait faire la différence entre les critères moraux : faire ou ne pas faire, et les critères ontologiques : être ou ne pas être. Cette aventure romanesque est une longue lettre d’amour, qui amène tout naturellement vers un autre bonheur : le bonheur de Dieu.