Chevalier dévoreur d’espace, zélateur infatigable de la croisade, homme sans frontières, conseiller des princes, Philippe de Mézières est l’illustration exemplaire d’une certaine idée de l’Europe. Le mot n’existe pas au Moyen Age dans son acception moderne : la diversité des langues et des intérêts laisse peu de place à une interprétation unique. Face aux assauts des Infidèles, aux guerres et aux épidémies, la chrétienté s’interroge, cherche à se réformer, cartographie ses angoisses et tente de se ressourcer et d’atteindre à une rédemption salvatrice. Pour Mézières, l'Europe est un kaléidoscope dans lequel il voit et dénonce trahisons et querelles ; mais au-delà de ce constat amer, il veut croire en un souffle nouveau qui rassemble et mette en marche ce grand corps désuni.