Les recueils de poésies d'Henri Thomas se sont succédé parallèlement à son œuvre de prosateur. On distingue, dans les poèmes comme dans les récits, un cycle vosgien, plusieurs cycles parisiens, un cycle corse, un cycle londonien, et ainsi de suite (un poème apparaît comme l'amorce d'un cycle américain). Le goût des voyages, de la mer et des îles, apparaît comme une constante. Thomas ne sera jamais un homme en place. Il aime trop bouger. Il a toujours éprouvé le besoin physique et moral de marcher : "Il n'est pas possible que la marche apporte à chaque pas des objets captivants, a-t-il écrit, du moins elle apporte le mouvement qui est la condition de leur apparition." Ses poésies sont comme des jalons le long d'une route aux détours imprévus. On y voit la grande image lyrique voisiner avec le détail familier, la fantaisie avec le drame, la tendresse avec la colère, l'humour avec la mélancolie. La tentation de la déraison est souvent proche, mais toujours des "paroles dorées" viennent donner aux aventures du poète "quelque ombre de sens". Jacques Brenner.