Le 9 septembre 1976, Mao meurt sans avoir prononcé les quelques mots qui auraient fait de sa femme la nouvelle Impératrice rouge. Et madame Mao, hâtivement, maladroitement, tente un coup d'Etat. Un mois plus tard, elle est arrêtée. Ainsi s'achève une des plus folles "carrières" du siècle. Ainsi commence le nouveau roman de Lucien Bodard, dans l'ambition féroce et l'hystérie. C'est la plus extravagante des histoires, l'ascension d'une fille de rien, née dans le ruisseau ou presque, qui devient actrice dans Shanghaï la fabuleuse et qui force son chemin jusqu'au futur maître de la Chine. Les armes de la future Madame Mao ? Sa rage de survivre, son exceptionnelle qualité de méchanceté, et puis son mépris des hommes qu'elle domine par le sexe. Elle n'en respecte qu'un, Kang Sheng qui la protégea quand elle était enfant, Kang Sheng l'espion, le futur chef des services secrets de la Chine rouge. La rencontre de ces deux êtres, leur complicité... Tout est là. Bodard montre une Chine convulsive, déchirée, encore endormie dans le Moyen Age, mais déjà folle de modernité mal assimilée sous la botte des Blancs ivres de mercantilisme. Et surtout, il raconte à sa manière fourmillante la saga du parti communiste chinois, les combats contre les Nationalistes de Tchang Kaï Chek, la clandestinité, les complots, les trahisons, la Longue Marche. C'est la plus formidable épopée du XXe siècle.