L’Europe politique fut une préoccupation constante de Raymond Aron.
S’il la jugeait éminemment souhaitable, il la savait difficilement réalisable ; au mythe politique de l’Europe unie s’oppose la réalité historique des nations. À la différence de Jean Monnet, et des autres pères de l’Europe, il ne croyait pas que l’interdépendance des économies nationales suffirait à faire émerger une communauté de citoyens prêts à mourir pour leur patrie. Atlantiste de raison, il pensait que le salut des démocraties européennes n’était pas dans l’intégration au sein d’un ensemble supranational, mais dans leur alliance collective avec la puissance américaine.
L’histoire jusqu’ici ne lui a pas donné tort. Et la guerre russo-ukrainienne rappelle tragiquement la question qu’il posait : l’Europe et son projet démocratique peuvent-ils subsister, de manière autonome, face aux empires ?
Publiés de 1947 à 1983, les textes réunis dans ce volume par Joël Mouric restituent le regard critique et passionné qu’a porté Raymond Aron sur le destin politique de notre continent.