Texte révisé suivi d’une biographie chronologique de Pierre Drieu la Rochelle.
« Il avait aperçu comme une image soudaine qui déchirait le tourbillon vague de sa fuite, une femme très belle, très élégante, presque nue. Cette femme de son bras blanc relevé au-dessus de sa tête entr’ouvrait le mur inexorable le long duquel il courait. À ce moment tout semblait l’assurer qu’il était perdu et pourtant il escomptait le salut avec une certitude frénétique. Quand il s’était rué vers cette issue il avait saisi un signe net dans ce visage clair : une sympathie vivace, entièrement donnée, sans réserve mesquine. C’était ce qu’il cherchait, ce qu’il exigeait de ces façades aveugles et muettes, toutes en pierre. Pourtant au moment même de forcer le passage, le visage s’était refermé et il lui avait semblé que le store allait retomber avec le fracas implacable d’un rideau de fer qui sépare des richesses d’une devanture le passant pauvre et avide. Maintenant, il se retrouvait devant elle ; sans doute, elle avait été surprise, elle allait maintenant se reprendre. Il distinguait un visage aiguisé çà et là d’un trait qui annonçait l’expérience, un visage de trente ans ; pourtant ces marques dispersées ne réduisaient pas une candeur qui transparaissait partout et qui s’offrait généreusement. Cette candeur envahissait rapidement les yeux de l’homme et l’éblouissait…. »
Extrait.