Les philosophies consolatrices soulèvent le cœur, les systèmes philosophiques de tout acabit ne peuvent, au point où notre monde en est arrivé, que susciter une légitime défiance. Aussi Maurice Toesca se garde-t-il de philosopher, c’est-à-dire de discourir. Sa Lettre ouverte à tous ceux qui voudraient un monde meilleur est un texte aussi violent et révolté que profondément fraternel. C’est un cri : contre l’égoïsme actuel, contre le quiétisme régnant, contre la dégradation de nos mœurs, contre les comportements sans âme ni idéal. Mais, tout autant, contre le pessimisme sans issue dans lequel trop d’entre nous se sont enlisés. Pour Maurice Toesca, si nous voulons qu’un jour ce monde soit meilleur, moins affamé et moins guerrier, l’homme devra rejeter l’homme, il devra adopter « une hautaine politique de non-procréation ». Si le point de départ de Maurice Toesca est métaphysique — « Et si Dieu n’existait pas ? » —, ce dont il parle est terriblement concret ; ce qu’il nous dit est extrêmement brutal. Lettre ouverte à tous ceux qui voudraient un monde meilleur ne pourra que choquer les lecteurs de tout âge, de n’importe quel bord, et c’est très bien ainsi. Livre fort, courageux, d’un style admirable, il charrie de vraies idées : des idées dangereuses. C’est une confession déchirante, et qui veut éveiller les esprits. Au-delà du scandale ou de l’approbation.