... Que tu me ravis, lorsque tu me dis que l'on te trouve l'air d'une femme heureuse et que tu me le dois ! Ces lignes passionnées ont été écrites par un homme de soixante-deux ans, Alfred de Vigny, à sa jeune maîtresse de vingt-trois ans, Augusta Froustey. Jusqu'à présent, faute de documents essentiels, cette passion avait été négligée ou mal analysée par les biographes du poète. Grâce à la publication de son Vigny ou la Passion de l'honneur, en 1972, Maurice Toesca a pu accéder au trésor que constituent les lettres inédites d'Alfred de Vigny à Augusta, entre 1859 et 1863, date de sa mort. Elles lui ont permis de retracer l'histoire d'amour authentique et la fin dramatique du poète, atteint d'un mal incurable. La déchéance physique de Vigny, survenant en pleine passion amoureuse, n'aura pas été sans inspirer ses derniers poèmes, peut-être les plus beaux de toute son œuvre. Maurice Toesca a eu également en main des carnets inédits d'un jeune homme, M. Franceschi. Celui-ci a pu rendre visite, en voisin, à Vigny dans les dernières semaines de son existence. Ses notes apportent quelque lumière sur l'état d'âme du poète au moment où il approchait de la mort, et sur ce que d'aucuns ont appelé sa conversion. Et comme si le Ciel, ce ciel muet qui n'a rien voulu nous dire, réservait à Vigny une surprise, Augusta lui donna un fils posthume, — Auguste-Antoine Froustey —, qui naquit le 28 octobre 1863. Ainsi, Vigny a eu une descendance qui s'est perpétuée jusqu'à nos jours. Toute l'existence du poète-philosophe s'éclaire donc d'un jour nouveau avec cet ouvrage de Maurice Toesca.