Taylor, un pionnier du contrôle de gestion ?
Lui qui installait des systèmes qui, loin d’aider à déléguer, niaient toute autonomie ! Pour qu’il y ait « management control », encore faudrait-il qu’il y ait management, donc autonomie de choix. Taylor ne contrôlait pas par les résultats, mais par la spécification détaillée des processus. Ce n’était pas aux managers, mais aux ouvriers, qu’il s’adressait. L’expression de Scientific Management n’est pas de lui, mais de l’avocat Louis D. Brandeis! Avant Taylor, les managers étaient les contremaîtres qui se voyaient déléguer l’organisation du travail, de véritables sous-traitants internes, parfois, et non pas des salariés. Ces managers, c’est précisément Taylor qui les fit disparaître, les transformant en petits chefs ou en bureaucrates au terme d’un programme clairement annoncé : « retirer le contrôle de l’atelier des mains des ouvriers pour le replacer complètement dans celles de la direction, faisant ainsi triompher le contrôle scientifique sur les règles de doigt mouillé » (On the Art of Cutting Metals, p. 252).