Qui connaît Sloan ? Ford, oui ; mais Sloan ? Pourtant, les deux hommes sont comparables, par leur stature de managers et par leur influence. Leurs innovations techniques et organisationnelles ont marqué le XXe siècle, celui de la production de masse, celui des entreprises géantes, des grands groupes qui, parfois, se mesurent aux États. Le fordisme a directement touché la vie quotidienne des ouvriers, le sloanisme a eu un effet plus discret et s’est adressé aux managers. Pour autant, ses conséquences ne sont pas marginales : ce sont les bases du fonctionnement des grandes entreprises, de leurs conditions mêmes de survie qui ont été fixées pour longtemps par l’expérience de General Motors sous la direction de Sloan et par les principes que ses écrits ont cherché à codifier. Parmi eux, dans un rôle central : le contrôle de gestion, dont on pourrait prétendre qu’il est l’inventeur.