L’amnésie est une pathologie bien connue, hélas, des chercheurs en management. Combien de praticiens ou de formateurs témoignent d’une ignorance profonde de l’histoire de leur discipline, qu’ils réduisent de ce fait à un faisceau de techniques sinon de recettes, que d’ailleurs les modes chassent pour mieux, ensuite, les réinventer. À côté des grands auteurs, il en existe ainsi de petits, parfois fort diffusés, réinventeurs de bonne ou de mauvaise foi des préconisations des grands oubliés. Certains font de la synthèse de deuxième main, attendant la parution de trois ou quatre bons manuels pour en écrire un plagiat à destination des quelques dizaines d’étudiants que d’autres, plus ignorants qu’eux, leur ont confiés. Mais la situation inverse existe aussi: des pionniers peu prolifiques, ou bizarrement enlisés lors d’une traversée du désert, ont quitté la mémoire collective. Sans pouvoir être qualifiés de grands auteurs, en raison de la spécificité de leur innovation, ils méritent, dans un ouvrage tel que celui-ci, d’être sauvés d’un injuste oubli.