Les deux romans de Mayotte Capécia ont divisé le monde des lettres et la culture noire parisiens lors de leur parution en 1948 et 1950. Pour certains, Capécia était la « première femme de couleur à raconter sa vie », et ses œuvres exprimaient l’authentique vision d’une femme antillaise. Pour d’autres, elle démentait l’effervescence politique de l’ère de la négritude, de la départementalisation et de la décolonisation, promouvant une vision nostalgique des Antilles et de l’Empire français. Ils ont surtout attiré la condamnation d’un jeune Frantz Fanon dans Peau noire, masques blancs.
Cette nouvelle édition avec introduction critique des romans de Mayotte Capécia permet d’analyser les racines historiques de l’émotion de Fanon : les enjeux de race, de classe et de genre issus de la société post-esclavagiste qui traversent sa lecture, ainsi que les deux livres de Capécia. Elle resitue les récits dans le contexte du régime de Vichy à la Martinique et dans la période de transformation des courants politiques antillais et coloniaux au seuil des années 1950. À partir des archives personnelles, la biographie de Mayotte Capécia est reconstituée afin d’aller au plus près du sujet colonial des Antilles.
Myriam COTTIAS est directrice de recherche au CNRS (CRPLC, Université des Antilles et de la Guyane). Elle dirige le Centre international de recherches sur les Esclavages.
Madeleine DOBIE est maître de conférences dans les programmes de français et de littérature comparée à la Columbia University et directrice du programme Master en études françaises et francophones de Columbia University à Paris.