Cette anthologie de textes consacrés à l’abolition de l’esclavage n’est pas celle des Lumières et de leurs philosophes. Elle rassemble les textes d’hommes du XIXe siècle, croyants et pragmatiques, scientistes et systématiques, généreux et paternalistes. De la Restauration à la Seconde République, au cours de ce siècle qui transcrit les problèmes sociaux en équations, la passion se mêle au scientifique, la philanthropie à la rentabilité, la générosité à la prudence méfiante.
« De quoi s’agit-il en effet ? De l’abolition de l’esclavage. [...] Mais ici la question est plus grave encore ; car il s’agit de la race noire, qu’on veut appeler, avec le temps, au même état que la race blanche en la faisant participer à la jouissance des droits civils et des droits politiques, en lui donnant accès dans les emplois publics et place sous les drapeaux de l’armée, en la fusionnant pour ainsi dire avec la race blanche, et en s’exposant ainsi à verser dans le sang européen des altérations que les siècles pourront seuls effacer. » (Conseil spécial de la Martinique)
« La République n’entend plus faire de distinction dans la famille humaine. Elle ne croit pas qu’il suffise, pour se glorifier, d’être un peuple libre. [...] Elle a pris au sérieux son principe. Elle répare envers ces malheureux le crime qui les enleva jadis à leurs parents, à leur pays natal, en leur donnant pour patrie la France et pour héritage tous les droits du citoyen français ; et, par là, elle témoigne assez hautement qu’elle n’exclut personne de son immortelle devise : Liberté, égalité, fraternité. » (Victor Schœlcher)