Écrit en 1955, l'Amour et l'ennui est le roman de la trentième année, quand l'indécision, la fuite devant les responsabilités de la vie prennent le masque de l'amour. On y voit un garçon assez mou, une chanteuse, des Marie-Chantal - un coq au milieu d'une volière - et, tranchant sur ce petit monde, une jeune fille fraîche et pure, Génia de Verrières. En refusant de se laisser lier par son amour, Olivier Sablons se décharge sur la faible Génia du poids d'une vie qu'elle ne peut supporter seule.
Dans cette peinture de l'ennui, " plus redoutable qu'une passion ", dans ce portrait cruel et séduisant du XVIe arrondissement, Pierre de Boisdeffre s'était proposé de peindre une " génération sans cause " - celle de 1955 - qui souffrait de n'avoir pas de mission. L'Amour et l'ennui pourrait bien être, en effet, le portrait, que beaucoup jugeront prophétique, d'un monde - la " société de consommation " - que toute une jeunesse devait combattre sur les barricades de mai 1968. Mais ce document d'époque reste, aussi et surtout, une histoire d'amour et un " vrai roman ".