Il est à la fois le personnage le plus décrié et le plus méconnu du football. Pour la première fois, un arbitre raconte sans tabous ce qu'il se passe vraiment sur les terrains et dans les coulisses. Un document exceptionnel.
Ses décisions suscitent des heures de controverse sur les plateaux télé, dans les colonnes des journaux et au comptoir des cafés. Chaque dimanche, on s'écharpe entre pourfendeurs de l'homme en noir et partisans de l'indulgence. Entre «tous pourris» et «c'est un métier difficile».
Pourtant, dans ce tumulte, la voix de l'intéressé peine à se faire entendre. Le récent «Chaprongate» l'a bien montré... Astreint à une réserve permanente, son impact médiatique est inversement proportionnel à sa parole inaudible.
Comment vit-il ces procès retentissants auxquels le prévenu n'est jamais convié ? Quel regard porte-t-il sur ses procureurs féroces ? Sur ces joueurs qui lui aboient au visage chaque week-end ? Sur ces entraîneurs qui le vilipendent lors des conférences de presse ? Que ressent-il dans la solitude du vestiaire face à la certitude de son erreur et l'appréhension de ses conséquences ?
Toutes ces choses qu'il ne peut pas dire, ses émotions, ses doutes, ses peurs, ses admirations et ses rancoeurs, sa passion pour le jeu et son mépris pour certains de ceux qui l'administrent, le commentent ou le pratiquent, il va les écrire sans fard, mais avec un maquillage obligé.
Car l'arbitre masqué dit tout, sauf son nom. Ce nom que vous avez probablement maudit au moins une fois en sirotant une bière dans votre canapé. Un arbitre ne devrait pas dire cela et c'est tout le paradoxe de la fonction. Le seul homme contraint de porter un masque pour se dévoiler.