Les bylines sont en quelque sorte les cousines épiques des contes russes. Comme elles, elles ont été transmises oralement de générations en générations et racontent de manière romancée et fantastique les exploits des bogatyrs – les preux chevaliers errants du XIe-XIIe siècle. Ceux-ci sont contre les envahisseurs les protecteurs de la terre russe et de la foi chrétienne, à tel point que le plus célèbre d'entre eux, Ilya Mouromets, figure parmi les saints de l'Église orthodoxe.
« [Les bylines] renseignent admirablement sur la psychologie d’un peuple qui, à tant d’époques et maintenant encore davantage, a surpris et inquiété l’homme de civilisation occidentale. [...] Elles intéressent enfin [...] comme témoignages des ressources intellectuelles et artistiques, on peut dire admirables, du peuple russe. » (Louis Jousserandot)
La Geste d'Igor, ou Le Dit de la campagne d'Igor, chant du XIIe siècle retrouvé en 1800, est devenue, par sa majesté et sa beauté, la grande épopée russe.
Édition de Louis Jousserandot, 1928 – Édition d’Henri Grégoire, 1945.
EXTRAIT
Au ciel la lune lumineuse luisait
quand à Kiev naquit un puissant bogatyr,
le jeune Volkh Vséslaviévitch :
la terre humide trembla,
le fameux royaume Indien fut secoué,
la mer bleue chancela
en raison de la naissance de bogatyr
du jeune Volkh Vséslaviévitch :
le poisson s’en alla dans la profondeur de la mer,
l’oiseau s’envola haut dans les cieux,
les aurochs et les cerfs s’en allèrent au delà des monts,
les lièvres, les renards dans les fourrés,
les loups, les ours dans les sapinières,
les zibelines, les martres dans les boqueteaux.
Et quand Volkh eut une heure et demie,
Volkh parla comme le tonnerre tonne :
« Holà, toi, madame ma mère,
jeune Marfa Vséslaviévna ! »