De sa fenêtre, Jean Schuster observe le monde. On ne s’étonnera pas trop que cette fenêtre tende — fréquemment — à se confondre avec l’écran du téléviseur. Ni que celui-ci, à son tour, au lieu de réfléchir les images du monde, se mue en miroir et réfléchisse l’observateur. Car l’observateur s’observe mieux à travers le miroir du monde. Certains seront sensibles ici — avant tout — à la causticité du regard. Et, cependant, les coups de cœur sont au moins aussi nombreux, dans ce mince recueil, que les coups de griffes. Mais les uns et les autres se règlent à la même pendule : le refus de souscrire à cette veulerie généralisée, qui tient lieu de conscience, dans notre pays en particulier, à la classe intellectuelle. La lettre — jamais envoyée — à Philippe Soupault, mérite une mention spéciale. La manière, d’abord, en est peu commune : on y passe apparemment du coq à l’âne, sans jamais sortir cependant de l’essentiel. Quant au ton, il est inimitable : à aucun moment Schuster n’élève la voix, dirait-on. Mais à force de lui faire patte de velours, la souris est morte. José Pierre.