Un couteau de ce cristal auquel ne manquent point des traces ferrugineuses, indélébiles, comme pour qu’enfin la fièvre ne cesse d’habiter la lucidité, ainsi je revois Jean Schuster il y a douze ans et davantage. Aux yeux de ceux-là même qui ont choisi d’y participer, un certain brouillard recouvre le surréalisme ; il le décape et le découpe, en escaliers, en plate-formes d’observation, en chausse-trapes aussi qui renouvellent la distinction faite par Lafcadio entre « crustacés » et « subtils ». Nul plus que ce logicien rigoureux ne tint à préserver le rôle de l’irrationnel et du nocturne dans la création poétique, nul mieux que ce personnage secret, mais visité du démon de la « modernité », n’aperçoit les virages d’un temps singulièrement public. Aussi est-ce toute justice que le directeur de l’Archibras (1966) ait été l’un des fondateurs du Quatorze Juillet (1958) « organe de la résistance intellectuelle », après avoir, dans cette jeunesse déjà lointaine que j’évoque, animé nos meilleures raisons de vivre à la pointe de Medium, communication surréaliste ». On vous parle d’un lieu qui désespère les snobs, les « récupérateurs » en tout genre et les lâches : ne quittez pas.