Ce terne orchestre municipal assoupi dans sa médiocrité se laissera-t-il réveiller par la baguette d’un nouveau chef, capable de le transporter jusqu’au point de métamorphose alchimique où se rassemble et naît une œuvre musicale ? Ou bien, grignoté par des ressentiments mesquins, des querelles futiles, asphyxié de paresse, retombera-t-il, haineux, dans le silence ? Cet amant résigné à la disparition de sa maîtresse permettra-t-il à une collection de timbres datée de 1963 de stimuler sa mémoire et de guider, vignette par vignette, son imagination ensorcelée jusqu’au lieu magique où la bien-aimée pourrait resurgir ? Ou, découragé, refermera-t-il trop tôt l’album, inscrivant définitivement en lui le creux du vide et de l’absence ? La création qui s’ébauche et se délite, qui se constitue et s’effrite et tend désespérément à la vie, tel est le thème des deux premiers récits d’un jeune écrivain qui, lui, bat d’une main ferme les premières mesures de son œuvre.