Une journée de la vie quotidienne, douche et petit déjeuner compris, à “L’Age d’or”, maison de retraite banale pour personnes âgées. Trois vieillards, auxquels le narrateur s’adresse alternativement, vouvoyant les deux premiers qui forcent encore le respect, tutoyant le dernier, comme si l’extrême vieillesse et ses avatars l’avaient rendu vulgaire, malsain, informe. Comment s’occupe l’homme de quatre-vingt-huit ans, qui se laisse appeler “Papi” ? Comment prend-il goût aux repas quand ses papilles sont usées ? A quoi rêve-t-il encore quand on le toilette ? A quelles coquetteries s’adonne la vieille dame qui ne manqua jamais de rien et qui refuse d’être appelée “Mamie” pour ne pas être dépouillée d’une dernière identité ? A quel abandon s’expose le futur centenaire dont la tête est fatiguée et qui sert de mascotte débile à “L’Age d’or” ? L’ennui, la solitude, la gêne, l’amnésie, la peur, mais aussi les ressources invraisemblables qui permettent de les combattre, Régine Detambel a trouvé tout cela chez ces personnages qu’elle a côtoyés, touchés, écoutés. Elle veut, non pas les montrer dans le rôle naïf que leur assigne l’imagerie sociale, celui de gardiens des coutumes et des trésors familiaux, mais laisser d’eux une trace littéraire.