Les historiens qui étudieront les mœurs de la seconde moitié du XXe siècle noteront sûrement la place donnée aux animaux dans les foyers et dans les cœurs de l’ère industrielle. Ils y verront une réaction contre le béton et l’acier, le bureau et la paperasserie, le triomphe du week-end, un signe de paix, une preuve de prospérité, cette prospérité qui aura favorisé l’offensive de la philosophie du présent contre la philosophie du placement... En toute amitié pour les animaux se trouve une pointe de révolte et d’anarchie, un dépassement des conventions sociales. Le courant d’aujourd’hui rappelle celui qui à la fin du XVIIIe siècle fit le succès des bergeries et des écrits sensibles. Le retour à la nature indique toujours un malaise de civilisation, un refus d’obédience, une urgence de liberté, un désir de fraternité universelle. C’est une révolte de la sensibilité contre les abus de l’ordre humain. L’animal est un des témoins de l’accusation au grand procès que l’homme se fait à lui-même en ce moment. Il est l’arme de choix du réquisitoire contre l’esprit qui tue la vie. Il est le recours d’une civilisation en mal de Paradis. Histoires d’amour et de pitié, chant de la nature et de la beauté libre, plaidoyer pour les faibles, réquisitoire contre les abus de puissance, ce livre attaque la cruauté, la cupidité, la bêtise, la médiocrité, la lâcheté de ceux qui s’en lavent les mains, les rabâchages de la vieillesse, les ruses de l’avarice, les slogans d’un paternalisme béat, les fausses audaces, le snobisme progressiste, la sexualité politique ou boutiquière. Livre de lucidité, de colère, mais toujours tempéré par cet humour si propre à l’auteur et qu’elle appelle : Le rebondissement joyeux des idées tristes.