"En général les intellectuels méprisent la chanson. Je me garderai bien de les imiter. La chanson est pour moi un des phénomènes essentiels de l’histoire. Mieux que d’autres témoignages, elle caractérise chaque époque. Elle est l’air du temps. Ce n’est point par hasard que l’on emploie le même mot pour l’air que l’on respire et pour celui que l’on chante. Dans la plupart des siècles, la poésie fut chanson. On chantait L’Iliade et l’Odyssée. Au Moyen Age, nos pères chantaient les chansons de geste. La poésie française fut chantée jusqu’au XVIe siècle. Aujourd’hui, on la rechante. L’Académie Française, gardienne des traditions vivantes, a eu raison de décerner son Grand Prix de Poésie au troubadour Brassens. Dans cette « Lettre ouverte », je paie ma dette de reconnaissance à la chanson qui occupe dans mon univers un trône de gloire. Sous quelques coups de griffes lancés à certaines Idoles des jeunes, on sentira l’amour. On le verra peut-être mieux dans la « Lettre aux idoles auxquelles on dit vous ». Je leur dois autant qu’à mes maîtres en Sorbonne. Si l’on ouvrait ma tête et mon cœur, on y entendrait palpiter leurs chansons." Paul Guth.