Depuis trois siècles on convoite et on stigmatise l'Académie française. Les candidats auxquels elle a claqué la porte au nez en disent pis que pendre. Il est vrai que la Vieille Dame du Quai Conti a souvent commis les pires injustices. Avec ceux qu'elle a oubliés, ou refusés, on composerait une académie aussi éclatante que la vraie. En 1882, le polygraphe Arsène Houssaye inventait, pour ses victimes, le Quarante et unième fauteuil qui n'existe pas. En 1971, les Immortels eux-mêmes reprirent cette trouvaille sous le même titre. Battu à deux reprises, Paul Guth a eu deux idées : il a imaginé qu'en sa faveur, pour la première fois, les académiciens élisaient un titulaire du 41e fauteuil, au lieu d'en laisser le soin à l'opinion publique. Ensuite, il prononce, sous la Coupole, son discours de déception à l'Académie française. Un feu d'artifice d'humour, de malice, de drôlerie, un style étincelant. Après tout, la plupart des Français ne croient-ils pas que Paul Guth siège sous la Coupole depuis quinze ans ? Défenseur de notre langue et de notre culture, Paul Guth a l'honneur de figurer parmi les classiques en France et à l'étranger. Avec ce discours, il restera attaché à l'Académie, dans la plus brillante tradition satirique française, en joyeux écho à l'Habit vert, de De Flers et Caillavet, qui triompha au théâtre des Variétés à la Belle Époque.