Pour ne pas se singulariser, Paul Benoist a choisi au berceau un nom bien français, cousin des Dupont et des Durand. Sa vie semblait devoir échapper à la grande Histoire. Il est né à Paris, un an après les inondations, ce qui témoigne d’un grand esprit d’à-propos. Sa famille comprend deux archevêques, une danseuse et quelques illettrés. Paul Benoist entre à l’École des Sciences Politiques, avec l’intention d’en sortir, au bout du nombre d’années idoine, sous le bicorne d’ambassadeur. Il en sort sous le trench coat du journaliste. Il écrit à l’« Écho de Paris » et au « Journal ». Il commence à tâter des ondes hertziennes à « Radio-Luxembourg ». Puis, sept ans d’héroïsme. Trois de service militaire et de rappels. Quatre de barbelés en Thuringe. Au retour, il ne trouve pour tout potage qu’un pardessus mité. Il repart comme un jeune homme, sur la table rase. Re-radio, re-journalisme : « Libération », « l’Observateur ». Et maintenant, ce premier livre : TÉLÉVISION, UN MONDE QUI S’OUVRE. Paul Benoist a « un caractère de cochon », du moins il le dit. Il crépite de générosité jusqu’à la pointe de ses cheveux que toujours quelque vent de croisade soulève. Sa fossette au menton semble le fruit d’un coup de couteau, hérité d’une noble bagarre. Ses yeux de redresseur de torts papillottent sous la lumière trop rude de l’iniquité. Ce virtuose des ondes est le sosie de Lacordaire. On ne comprend son angoisse devant l’injustice que lorsqu’il se rassure. Son sourire, alors, a la fraîcheur de celui des enfants qui ont eu très peur en traversant le bois et qui débouchent enfin à la lumière.