Les images chrétiennes sont à la mode. Les livres qui en traitent sont nombreux : études archéologiques, recherches sur l’histoire de l’art, analyses théologiques, confrontation entre différents courants d’opinion, monographies sur un auteur, etc. Des publications sur les icônes ne cessent d’apparaître, notamment des traductions de textes. Il s’agit parfois de nouvelles traductions et parfois de traduction d’écrits restés « emprisonnés » dans leur langue d’origine. On est donc en présence de deux phénomènes : les images elles-mêmes et les écrits qui les concernent. La présente anthologie vise à approfondir la connaissance du second. Les textes qu’elle regroupe vont de l’époque de l’empereur Constantin à la période iconoclaste. Autrement dit, elle se limite aux siècles situés entre Eugène de Laodicée (270-335) et Aréthas, archevêque de Césarée en Cappadoce (850-932). Cette période est d’une importance capitale, non seulement pour l’histoire de l’Église en général, mais aussi pour le développement des images chrétiennes et l’évolution de la réflexion théologique. Cette étude est la continuation d’une autre consacrée aux écrits sur les images tant païennes que chrétiennes, rédigés pendant les trois premiers siècles, soit de l’Église apostolique à Constantin le Grand. Les textes rassemblés incluent plusieurs sortes d’écrits : certains se trouvent déjà dans des revues ou encyclopédies, mais sont difficilement accessibles, tandis que d’autres apparaissent pour la première fois en français. Nous avons voulu non seulement présenter des textes, mais aussi offrir des commentaires, et quand c’était possible, une bibliographie d’ouvrages dont le lecteur pourra tire profit. Notre intérêt principal est d’affirmer et de défendre, à partir de l’étude des auteurs des premiers siècles, la proposition selon laquelle la tradition chrétienne, dès l’époque apostolique, est, du point de vue théologique, tout à fait iconophile et que les premiers chrétiens se servaient – d’une manière ou d’une autre – de l’imagerie pour exprimer leur foi. Nous n’affirmons pas que les chrétiens du Nouveau Testament et leurs successeurs immédiats ont créé ou commandé des images telles que celles qui se présentent aujourd’hui à nos yeux, bien qu’il existe des traditions à cet effet : celles de saint Luc peintre et d’Abgar, l’image non-faite-de-main-d’homme ainsi que plusieurs autres. Nous ne pouvons ni confirmer ni infirmer ces histoires ; elles restent des traditions, mais elles appuient néanmoins l’affirmation de l’iconophilie fondamentale du christianisme de la Grande Église. Nous sommes convaincu – une folie personnelle, diront certains – que, quelque part dans le sol de la Grèce, du Moyen-Orient, de l’Égypte ou d’ailleurs, il existe des artefacts qui prouvent que non seulement l’attitude iconophile, mais aussi l’expression visuelle de la foi chrétienne remontent aux apôtres. Les archéologues n’ont qu’à les mettre à jour. Après la découverte au début du XXe siècle des images juives et chrétiennes dans le désert de Doura-Europos, en Syrie actuelle, datées d’avant l’an 250, il serait téméraire de proclamer l’absurdité d’une telle hypothèse. L’intérêt de toute anthologie réside dans le fait que des éléments dispersés çà et là se trouvent réunis dans un volume facile à manier et à étudier. Fournir de nouvelles traductions et les rendre accessibles, telle est la raison qui motive le présent ouvrage. Le travail n’est pas terminé : il reste d’autres textes à publier pour contribuer à illuminer et à affirmer la tradition iconographique chrétienne.