Vivons-nous la fin du sacré ou le retour du religieux ? La question n'en finit pas de se poser : d'un côté, les Eglises et les dogmes s'effacent au profit d'une religion « à la carte » ; de l'autre - force est de le constater - les intégrismes et autres fondamentalismes ne se sont jamais aussi bien portés. Comment se retrouver dans des tendances aussi contradictoires ? Luc Ferry et Marcel Gauchet éclairent notre perplexité par une réflexion qui n'hésite pas à convoquer la longue durée. Sur fond d'un accord sur le processus multi-séculaire du « désenchantement du monde », - tel que l'a décrit Max Weber - ils dessinent pour le présent et le futur deux scénarios opposés : pour Gauchet, c'est l'épuisement du sacré qui se profile, marquant la séparation définitive entre l'humain et le divin ; pour Ferry, au contraire, nous assistons davantage à une reconfiguration humaniste du sacré, à une divinisation de l'humain qu'à sa disparition. Le monde est-il voué au désenchantement, ou promis à un réenchantement ?