La jeunesse irait mal, entend-on : aucun travail, pas de perspective, plus de rêve. Qu’en est-il exactement ? Le mythe de la jeunesse aurait-il disparu ? Les jeunes n’éprouveraient-ils plus le besoin d’aller au bout d’eux-mêmes ? À partir de portraits et d’expériences personnelles, la
Revue des Deux Mondes
propose d’ausculter la jeunesse d’hier et d’aujourd’hui, de regarder ses parts d’ombre et de lumière.
Jean-Yves Boriaud nous conduit au coeur de l’Antiquité gréco-romaine et nous explique comment s’organisait alors le temps de la jeunesse, un temps fortement encadré et soigneusement ritualisé. Henri de Montety, lui, examine la première étude sociologique consacrée à la jeunesse parue en 1913 dans la Revue des Deux Mondes. L’auteur, un certain Agathon, s’emploie à observer la jeune élite masculine de son temps pour connaître l’esprit à venir. Il y vante les mérites admirables de ces garçons qu’il trouve dynamiques et patriotiques. Luc Ferry relève les nouvelles préoccupations du moment : ce n’est pas tant le jeune que l’enfant qui est aujourd’hui sacralisé. Si les grandes questions politiques se focalisaient hier sur la problématique de la nation, elles se concentrent au XXIe siècle sur celle de la jeunesse et des générations futures. Géraldine Dolléans, actuellement thésarde en littérature, est partie en Syrie. Là-bas, elle a rencontré Salim, un jeune poète né en 1989. À travers son portrait, nous suivons les rêves, les découragements et les espoirs d’une jeunesse syrienne interdit d’avenir. Deux témoignages complètent le panorama : celui de Mathieu Flourens, étudiant à Sciences Po et en philosophie à la Sorbonne, et d’Henri Dax, diplomate de 27 ans. Le premier s’insurge contre le phénomène de victimisation. Il est temps, dit-il, que la jeunesse se prenne en main, qu’elle se responsabilise et s’autocritique. Le second s’inscrit en faux contre les discours ambiants : non, les jeunes ne sont pas tous apathiques ; non, ils ne sont pas uniquement intéressés par leur seul bien-être. Le corps étatique est irrigué régulièrement par un sang neuf, bouillonnant du désir de servir la France.
Également au sommaire, un entretien avec Richard Ford, prix Femina 2013 pour son roman Canada. Par l’évocation de frontières physiques et symboliques, l’auteur développe les notions de liberté, de transgression et de conquête de soi.