Les mutations économiques menacent les avantages et les garanties qu'avaient obtenus les salariés des pays industriels. Quel modèle social, quelle action politique opposer à la montée du chômage et de la précarité, au recul de la protection sociale? La Grande-Bretagne a choisi le libéralisme brutal, mais l'Allemagne a maintenu son économie sociale de marché; ses entreprises et ses syndicats continuent à négocier.
Et la France? Depuis plus de vingt ans, elle tient deux discours opposés: pro-européenne, elle accepte la libération de son économie; attachée au rôle intégrateur de l'Etat national, elle refuse, à intervalles de plus en plus rapprochés, une évolution qu'elle ne sait ni prévoir ni négocier.
Notre pays, en 1995, a connu sa plus grave crise sociale depuis un quart de siècle. Comme les autres avant elle, celle-ci restera-t-elle sans lendemain, la route suivie depuis des années conduira-t-elle sans changement à la monnaie unique ou... à la prochaine crise? La France ne trouvera-t-elle pas le moyen de sortir de la contradiction entre l'indispensable ouverture de son économie et la nécessaire défense de ses citoyens contre l'inégalité et l'exclusion?
A.T.