La crise a effacé l'image à la fois orgueilleuse et banale que les sociétés industrialisées aimaient à donner de leur avenir. Mais elle risque de les enfermer dans un souci myope de la conjoncture économique. Pour sortir de la crise, ne faut-il pas, beaucoup plus que réparer les conséquences d'un accident, reconnaître que nous changeons de société et de culture ? Ce livre, préparé au sein d'un groupe international qui s'est réuni pendant deux ans, à Turin, puis à Paris, ne considère que les changements des sociétés économiquement les plus avancées mais, dans ce cadre à la fois limité et important, s'efforce de lier trois champs de réflexion : les transformations de la culture, celles des rapports sociaux et de l'État, l'apparition de nouveaux objectifs politiques. Ses auteurs n'acceptent plus la distance, devenue insupportable, entre la réalité historique d'aujourd'hui et les idées auxquelles la plupart des observateurs recourent pour l'analyser. Ils se méfient des exégètes et des doctrinaires ; ils veulent aussi aller au-delà de l'utopie. Pour eux, la crise est moins une situation que notre impuissance à comprendre, à accepter et à orienter les mutations en cours. C'est en analysant ce que devient la production, la famille ou l'État que nous préparons ce renouveau de l'action politique qui peut conduire ces sociétés au-delà de la crise.