"Cette année scella notre amitié avec les Chassepot. Je revis l’aîné vingt-cinq ans plus tard et, comme il me conduisait en voiture à Paris, j’appris de sa bouche les difficultés que son frère et lui avaient connues dans leur adolescence. Pourquoi ça ? demandais-je. Nous étions Noirs, dit-il comme une évidence. Et, d’un coup, ça me revint : mes meilleurs copains d’adolescence étaient blacks et je n’y avais jamais prêté attention. Je n’étais pas indifférent à mes amis mais, pour des gosses, la couleur de peau importe peu. En fait, cette disparité, c’est bien un truc d’adulte."
La jeunesse d'un Marc Villard, à quoi cela peut ressembler ? À ceci, en partie : sac à dos bouclé, canadienne sous le bras, les copains à côté et l'alcool au frais, l'objectif est de trouver le meilleur endroit pour planter la tente et d'y faire passer le temps en devisant sur les filles, la musique et le cinéma. À la manière d'un Didier Daeninckx qui nous embarque dans le road-trip de sa vie (Bagnoles, tires et caisses), Marc Villard nous fait partager en quelques courtes tranches de vie, le quotidien d'un Compagnon des forêts, les premières cuites, les premiers jobs, les premières dragues, le premier groupe de rock, sous l'oeil attentif d'un guide spirituel nommé Jeanjean, et avec en fond sonore, les Beatles et Eddy Mitchell. Une plongée dans les sixties mise en rythme par le ton incisif et cadencé d'un Marc Villard qui signe ici un texte autobiographique, déjà publié par ailleurs aux Éditions Après la Lune en 2006.
"Nous, groupe historique des Compagnons des forêts, étions obsédés par l’excellence, les costumes pailletés, les guitares pétillantes, les gros amplis. Nonoss faisait dans la déglingue : punk avant l’heure. Je repensais à toutes ces choses en le contemplant, chez Jeanjean, de l’autre côté de la table. Et je sus, de suite, que notre jeunesse était derrière nous."