Nietzsche et l'immoralisme (Edition Intégrale - Version Entièrement Illustrée) * Inclus une courte biographie d'Alfred Fouillee Descriptif : Les doctrines de Nietzsche, qui sont comme une question préalable élevée devant tout travail de moraliste. Y a-t-il vraiment une morale ? Bien plus, est-il désirable qu'il y en ait une ? La morale, jusqu'à présent, n'aurait-elle pas fait plus de mal que de bien à l'humanité ? Voilà ce que Nietzsche demande. Les loisirs que me laissait le séjour dans une ville d'eaux d'Allemagne m'ont permis de faire connaissance avec les livres du penseur allemand, et il m'a semblé que, comme moraliste, je devais en quelque sorte déblayer le terrain en ramenant à leur vraie valeur les objections de ce farouche immoraliste. Extrait : Ici Nietzsche « dévie » et ne comprend plus même la doctrine évolutionniste. Pour celle-ci, une huître ne vaut pas un homme : l’huître a une organisation moins diversifiée et moins unifiée ; elle sent moins, elle agit moins, elle pense moins que l’homme ; aussi Darwin et Spencer, tout en la trouvant peut-être parfaite en son genre et à sa place, trouveront l’huître moins parfaite que Newton ou Laplace. Si tous les types se valent, pourquoi Nietzsche adore-t-il un type d’homme supérieur, à savoir le plus fort, le plus rusé, le plus au-dessus de tout scrupule ? Après l’inconséquence, voici le paradoxe : « En prétendant cela (que l’homme n’est pas plus parfait qu’un autre animal), nous allons encore trop loin : l’homme est relativement le plus manqué de tous les animaux, le plus maladif, celui qui s’est égaré le plus dangereusement loin de ses instincts ; — il est vrai qu’avec tout cela il est aussi l’animal le plus intéressant. » En ce qui concerne les animaux, et par conséquent l’homme, « c’est Descartes qui, le premier, a eu l’admirable hardiesse de considérer l’animal en tant que machine ». Et Nietzsche ajoute des moqueries peu originales sur le libre arbitre, sur la volonté, qui « n’agit pas ». Il a lu Maudsley et M. Ribot. Il va même, comme Maudsley, jusqu’à considérer la conscience comme une imperfection de mécanisme. « L’esprit, la conscience, nous semblent précisément être les symptômes d’une relative imperfection de l’organisme, une expérience, un tâtonnement, une méprise, une peine qui use inutilement beaucoup de force nerveuse ; — nous nions qu’une chose puisse être faite dans la perfection, tant qu’elle est faite consciemment. » On reconnaît la bonne vieille théorie de la conscience épiphénomène, de la conscience indice d’imperfection mécanique, n’ayant d’autre but que de s’éliminer elle-même en faveur de l’automatisme ».