Le problème des réfugiés, qui se pose avec acuité depuis un siècle, a connu au cours de la période récente de tragiques développements en raison de l’accroissement de la population fuyant les guerres, les persécutions, les catastrophes et la paupérisation, mais aussi et surtout à cause des réactions d’hostilité et de rejet observées en maints endroits de la planète. Ayant conduit pendant une quinzaine d’années des enquêtes sur l’asile en France et plus récemment en Afrique du Sud, Didier Fassin propose de reconsidérer ce que nous croyons savoir mais ne parvenons plus à penser autour de cette « question réfugiée » à travers une triple approche : généalogique, afin de remonter aux origines de l’asile ; géographique, pour rendre compte de la mondialisation de ses enjeux ; ethnographique, en s’attachant aux pratiques ordinaires d’octroi de la protection. Il révèle ainsi les intermittences de l’hospitalité, l’inégale distribution des réfugiés entre les nations et les profondes mutations de l’économie morale de l’asile. La forme de vie imposée aux nomades forcés devient ainsi une clé de lecture du monde contemporain.