Dans cet ouvrage percutant aux accents autobiographiques, Etel Adnan explore les notions d’identité, d’histoire, de départs et de guerre dans une perspective à la fois arabe et américaine. « Contrairement à ce que l’on croit habituellement, ce ne sont pas des idées générales et un formidable déploiement d’événements importants qui imprègnent les esprits dans ces temps de bouleversement historique de grande ampleur, mais plutôt le flot ininterrompu d’expériences, de troubles minuscules, de petites extases, ou de découragements à peine perceptibles de la vie triviale du quotidien. »
Ce qu'ils en pensent :
"For years, Etal Adnan has been writing a quiet lyric prose that is also insistently political. In the Heart of the Heart of Another Country returns to the explorations of the history of war and the female body that made Sitt Marie Rose– her novel of the Lebanese civil war– a classic. Here she uses short vignettes to examine the world wide resonances of yet another war in the Middle East, to speak poignantly of how its terrors mix with mundane moments of beauty. This is a moving and complicated work."
-Juliana Spahr, author of This Connection of Everyone with Lungs
« Je dois admettre que j’ai toujours eu une attirance pour les paragraphes, surtout quand ils sont chapeautés par un seul mot. C’est une histoire personnelle. Dans les petites classes de l’école de quartier où j’allais, les journées n’étaient ni mornes ni passionnantes. Elles passaient seulement. C’était une routine interrompue par des récréations, les seuls moments que j’attendais avec impatience. Mais il y eut, pendant quelques années d’affilées, quelque chose de très spécial, d’inoubliable, dont le souvenir ne cesse de me hanter : le devoir de rédaction. Notre maîtresse, une bonne sœur d’école primaire catholique, nous donnait quelques mots, et nous devions écrire une phrase qui les inclurait. Ce plaisir d’écrire que j’avais ressenti intensément constitue une sorte de dépendance qui revient de temps en temps quand je travaille ; je peux attendre des mois ou des années pour que cela se renouvelle et de la même façon. Quand nous devions écrire une phrase à partir d’un mot donné, j’écrivais un paragraphe entier, ou même plus. Je me souviens très précisément de cet état mental, un état de transe. Penchée sur le bureau en bois, ma tête touchant presque la surface, j’alignais des phrases d’un seul jet, hypnotisée. Je recherche toujours des moments comme ceux-là. Cette « plénitude » devait ressembler à celle que les marins ressentent quand ils atteignent le moment passionnant de la vitesse de croisière, quand naviguer devient désir et pure révélation. »