La postérité retient de Romain Rolland qu’il fut une figure emblématique du pacifisme et de l’idée européenne. Plus méconnue, sa contribution majeure à la musicologie témoigne cependant de sa véritable passion, la musique : « La musique m’a tenu par la main, dès mes premiers pas dans la vie. Elle a été mon premier amour, et elle sera, probablement, le dernier ».
Cette dévotion à la musique dont est empreinte l’ensemble de son œuvre fournit la trame de son plus grand succès populaire, Jean-Christophe, où Romain Rolland retrace, tout le long d’un « roman-fleuve », l’histoire d’un compositeur, dans laquelle on voit poindre la figure admirée de Beethoven. De fait, la musique infléchit l’ensemble de son œuvre. Fondateur de la musicologie française, artisan de la redécouverte de l’opéra baroque, ardent défenseur de la musique du début du XXe siècle, Romain Rolland fut sans doute, avec Rousseau, le plus profondément musicien de tous les écrivains français. Il convenait donc de réévaluer la singularité de son projet esthétique à l’aune de la conjugaison de ces deux arts auxquels Romain Rolland a voué sa vie entière : la littérature et la musique.
C’est précisément l’ambition de Les Mots sous les notes que de retrouver le mouvement, proprement symphonique, d’une œuvre et d’une vie qui restent exemplaires d’un désir de communion fraternelle dont « L’Hymne à la Joie » de Beethoven a en définitive toujours constitué, pour Romain Rolland, la suprême expression.