Offrir une vision nouvelle du territoire libanais et mettre en évidence ses transformations depuis une trentaine d’années : tel est le projet de cet atlas, produit d’une collaboration franco-libanaise. L’ouvrage repose sur une large collecte d’informations spatialisées à une échelle fine ; sa cartographie riche et inédite permet d’appréhender les dynamiques complexes à l’œuvre dans un pays qui, souvent, semble défier la compréhension. C’est donc une lecture originale du territoire libanais qui est proposée, indissociable d’une réflexion sur l’insertion du Liban dans la mondialisation et l’évolution de son rôle dans l’ensemble moyen-oriental. Les troubles qui secouent le Liban depuis 2005 sont une nouvelle expression de sa situation de nœud des tensions régionales et des difficultés que rencontre sa construction nationale et étatique. La période de la guerre et celle de la reconstruction ont provoqué des mutations territoriales majeures : déplacements de population, urbanisation, dégradation de l’environnement, réorganisation de l’économie. Beyrouth, divisée et endommagée par la guerre civile, a été largement reconstruite et sa domination sur l’économie du pays s’est renforcée. Mais les clivages régionaux, signes de la différenciation socio-économique et des divisions confessionnelles, marquent toujours l’organisation du pays, constituant un facteur persistant de la fragmentation politique, que l’émergence récente de nouvelles collectivités territoriales n’a pas contrecarré. La guerre de l’été 2006, dont cet atlas présente un bilan cartographique, illustre la fragilité du pays, pris dans des calculs géopolitiques qui le dépassent et obligent ses gouvernants comme ses habitants à reconstruire sans cesse leurs territoires.