Après une quinzaine d’années de reconstruction dans un climat de paix relative, de 1990 à 2004, le Liban a connu depuis 2005 une succession d’épisodes politiques violents mêlant de manière complexe enjeux internes et tensions régionales. Le déclenchement de la crise syrienne et ses retombées politiques, économiques et démographiques sur le Liban accentue cet état de fait. Cet ouvrage met en lumière ces nouveaux défis et complète en intégrant des volets différents l’analyse des transformations libanaises déjà entreprises dans l’Atlas du Liban. Territoires et société publié en 2007 par la même équipe. Outre la crise internationale et les mouvements de population, il prend en compte les dimensions socio-économiques à l’intérieur du Liban, les problématiques environnementales liées à l’urbanisation incontrôlée et aux risques, ainsi que la gestion territoriale et les conflits locaux qu’elle suscite. Cet atlas est le fruit d’une collaboration entre des chercheurs et universitaires français et libanais. Il utilise une approche géographique, plaçant au premier plan de l’analyse la spatialisation des faits sociaux et naturels. Les sources publiques sont limitées, notamment du point de vue de la finesse géographique, parfois peu fiables et difficiles d’accès. C’est particulièrement vrai pour les données sur la population libanaise, moins bien connue que la population réfugiée. Les données internationales permettent de situer le Liban par rapport à ses voisins. Des données thématiques, issues des ministères, offrent néanmoins une vision détaillée pour certains domaines. L’analyse d’images aériennes et de satellites fournit des données essentielles sur l’urbanisation et l’environnement. Des enquêtes de terrain localisées et thématiques complètent la panoplie des informations utilisées. L’ouvrage comprend six chapitres. Le premier porte sur la géopolitique régionale, les violences politiques internes et leurs effets locaux, à savoir l’installation des réfugiés syriens et la réémergence au grand jour des milices et groupes armés en conflit entre eux et avec l’armée libanaise. Le Liban apparaît de nouveau comme un territoire fragmenté entre de multiples allégeances. Le deuxième chapitre montre la fragilité du modèle économique libanais. Sa dépendance aux investissements extérieurs et aux remises de la diaspora, les blocages de l’industrie et de l’agriculture aggravent les déséquilibres sociaux. Le troisième chapitre est un bilan de l’urbanisation du pays, qui s’est accrue en superficie de 80% en vingt ans, au détriment des espaces naturels et de l’agriculture. Le littoral, objet d’intenses convoitises, est largement artificialisé et dégradé. De multiples signes de mutations et de dégradation de l’environnement sont observables sur le territoire libanais et sont l’objet du quatrième chapitre. Certains semblent annonciateurs du changement climatique global et de ses effets locaux. En outre, il existe un lien direct entre l’urbanisation massive et de nombreux risques mesurés et cartographiés de plus en plus clairement. Le chapitre cinq se concentre sur les dysfonctionnements de quelques services publics en lien avec l’exploitation des ressources naturelles : l’approvisionnement en eau, en énergie, tous deux marqués par la pénurie, et la gestion des déchets solides, qui traverse une crise profonde. Le sixième chapitre étudie les mutations dans la gestion du territoire libanais, marqué par le retrait voire la marginalisation de l’État et l’affirmation d’autres acteurs agissant sur le territoire, notamment les municipalités, les pouvoirs locaux mais aussi des associations de la société civile.