Un jour, à l’écart d’un parking d’autoroute un peu krénios, le Premier Fou rencontre un vieux sage en méditation. — Ça fait cinquante ans que je suis là ! glousse le vieillard, d’un petit air entendu. — Et qu’as-tu donc appris, Vénérable Gourou de mes Fesses ? — J’ai appris à léviter… Oh ! Il m’a fallu presque un demi-siècle… Il y a tout juste deux ans, trois ans que je réussis à vaincre la pesanteur… Tu vois, je peux tenir à 40-50 centimètres du sol… Sans aucun support matériel… Quelques secondes par jour… Pas facile, pas facile… Tiens ! Regarde ! Et il se met à voleter, en effet, de-ci, de-là, pas si mal, avant de se reposer, sans bobo, à la même place. Exténué, mais fier comme pas un. — Vieux Couillon, dit l’Inconnu, t’as Roissy à deux kilomètres !... Quelqu’un est mort qui n’aurait pas dû, c’est le Père. Quelqu’un dure encore on se demande pourquoi, c’est la Mère. Cette injustice, le Fils la rejette catégoriquement. Debout le Père ! Eh toi, la Mère, rentre sous terre ! Que commence le grand voyage du Père et du Fils. Tout ceci, la résurrection du Père, le premier Fou issu de l’amour du Fils pour le Père et réciproquement, serait d’une banalité affligeante si l’on n’apprenait que le narrateur aurait voulu être le fils de Napoléon en personne, un Napoléon qui tout à l’heure va gagner la bataille de Waterloo. Attention : Patrick Ravignant, né le 15 août 1769 à Ajaccio, est toujours en liberté.