Pour Alceste les choses, les êtres ont une saveur qualitative réfractaire aux idéologies du calcul. D’un autre âge ? Pas seulement. Nous l’avons dit : déposition, au double sens de « dépossession » et de « sans position ». Entre l’intégration curiale et le départ. Sans décision mais sans tension… Et peut-être n’est-il pas tout à fait absurde de décrire ainsi un état (d’âme) de crise. Et encore ceci : pour l’État s’ouvre désormais la crise permanente qu’en trois siècles l’Occident finira par étendre à l’ensemble de la planète. De cela on peut voir un « symptôme » dans le Misanthrope à travers Alceste qui justement, parce qu’il est l’irruption contrainte, ratée, de Poquelin (malgré Molière) produit d’aussi stupéfiantes déflagrations dans le temps de la comédie (extrait du texte de M. Deutsch). Le 4 janvier 1977 a lieu au Théâtre National de Strasbourg, dirigé par Jean Pierre Vincent, la première d’une nouvelle mise en scène du Misanthrope. Parce qu’il faut, statutairement « jouer un classique » et que l’équipe du T.N.S. est engagée à travers le métier du théâtre dans une enquête par coups de sonde dans « l’idéologie française ». Et que quelque chose d’essentiel s’y joue par cette fable d’atrabilaire amoureux : la fixation (au sens freudien) de l’intellectuel français à l’État Célimène.