On savait les liens de Vladimir Jankélévitch à Israël, à la conscience juive et à sa complexité ; on savait son attachement à Tolstoï, Rakhmaninov, à l'homme russe plus généralement, son attachement à certains êtres aussi, comme Léon Brunschvicg, Jean Wahl... mais on ignorait les textes où le philosophe fait état de ces liens, de cet attachement. Pourtant, sa voix s'y fait entendre avec une force, un élan et une acuité qui dérangent bien des schémas, des habitudes. Il retrouve, en parlant de Tolstoï, cette passion de l'immédiat qui fait partie intégrante de sa vie et de sa philosophie. Non moins surprenantes, non moins graves, non moins liées à sa propre histoire, les pages qu'il dédie à Israël, au judaïsme. Par exemple, lorsqu'il écrit : Si les Juifs n'existaient pas, il aurait fallu les inventer, il aurait fallu fabriquer un peuple mystérieux et disséminé comme nous le sommes, par rapport auquel l'homme puisse avoir des sentiments qui ne ressemblent pas à d'autres, qui ne se laissent pas banaliser et qui subsisteront jusqu'à la fin des temps. Enfin, il évoque certains de ses professeurs et amis dont, pour lui, les leçons demeurent. Un recueil de pages neuves.