Comment se sont cristallisés, au XIXe siècle, un certain nombre de bastions catholiques à caractère emblématique ? De l'Irlande au Québec, de la Pologne à la Vénétie, des cantons suisses du Sonderbund à l'Ouest armoricain, semblent s'observer des trajectoires peu ou prou apparentées. Tout se passe comme si un processus de rétroaction religieuse suivait un traumatisme majeur dans l'ordre social et culturel : Grande Famine irlandaise, insurrections de 1837-1838 au Québec ou de 1863 en Pologne et, bien entendu, choc de la Révolution dans l'Ouest français. À y regarder de plus près cependant, la comparaison appelle des interrogations, à la fois sur nos instruments de mesure de l'énergétique religieuse et sur la nature des phénomènes qu'ils révèlent, à la jonction de l'événement et des structures de longue durée. Ce qui est en cause en effet est la capacité du facteur religieux à créer du lien social, de l'identité collective, au sein même du processus de modernisation. Il a donc paru opportun de confronter sur ces questions les approches d'historiens venus d'horizons divers. Tel était l'objectif du colloque international organisé à Rennes, les 1er et 2 juillet 1997, par le CRHISCO (Centre de recherches historiques sur les sociétés et cultures de l'Ouest) et dont on trouvera ici les résultats.