Le cinéma est, de bien des façons et à bien des titres, un art de la rencontre. Dans la filiation des frères Lumière, filmer, c’est aller, tout simplement, à la rencontre du réel, du plus lointain au plus familier ; dans cette aventure, le familier devient étrange, l’étranger devient proche : c’est sur ce paradoxe que sont fondés le cinéma ethnographique et le documentaire. Dans la voie Méliès, le cinéma est une rencontre avec l’imprévu, l’improbable ou l’impossible ; tout le cinéma fantastique, en un sens, découle de ce désir de rencontre avec ce qui relève toujours de l’impensable. Plus quotidiennement encore, le cinéma, où les aléas de l’enregistrement des images jouent un si grand rôle, est l’art des hasards heureux ; combien de cinéastes n’ont-ils pas dit leur amour de l’improvisation, de l’accident, et combien n’ont-ils pas poussé leurs acteurs (voire leurs techniciens) à les surprendre ? Rencontres, à bien des niveaux, qui se traduisent aussi dans l’énorme proportion des fictions qui mettent en jeu ce thème – la rencontre amoureuse, bien sûr (« boy meets girl »), mais aussi la rencontre de l’autre, la rencontre du danger et de l’aventure, la rencontre de l’inconnu, la rencontre du sublime, ou tout simplement, la rencontre de soi-même.