Publié en Israël en 1991, ce livre remarquable est un voyage dans l’espace et dans le temps qui montre une autre facette du talent d’Aharon Appelfeld. Quarante ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Erwin, un survivant de la Shoah, refait à l’infini le même trajet en train à travers l’Autriche, à la recherche de l’homme qui a assassiné ses parents. Au cours de ses déplacements, il se livre à une étrange activité, recueillant des objets du culte (chandeliers, coupes, exemplaires de la Torah) qu’il amasse pour les revendre à des collectionneurs, comme autant de témoins d’un monde juif disparu.
La ligne est une fable kafkaïenne, autobiographie en contrebande d’Appelfeld. Erwin, son double de fiction, se confronte à deux exigences opposées : la confrontation au passé traumatique, au sentiment de colère, au désir de vengeance et à leur dépassement nécessaire, voire salutaire par l’écriture.
Traduit de l’hébreu par Valérie Zenatti
Aharon Appelfeld est né en 1932 à Czernowitz, en Bucovine. Lauréat de plusieurs prix internationaux, dont le Médicis étranger pour Histoire d’une vie, il a publié plus d’une quarantaine de livres, dont beaucoup restent encore à découvrir en France. Depuis 2004, les Éditions de l’Olivier ont entrepris de traduire son œuvre. Il est mort en 2018, mais son talent continue de rayonner, en témoigne les succès récents de Mon père et ma mère et de La stupeur.