Rachilde (1860-1953)
"Comme un chien fidèle, mon désir t’a suivie jusqu’au tournant de cette route, le nez dans ta robe, sans voir, sans entendre, sans essayer de comprendre, ne cherchant plus qu’à te sentir vivre du même frisson que le sien. Mais d’un geste excédé, tu as laissé tomber la chaîne qui nous liait : je ne devais plus marcher à ton ombre, mes pas dans tes pas. J’ai attendu un nouveau signe de ta main, un mouvement des épaules, une petite inclination de la tête me rappelant, et ta silhouette, raidie par une obscure volonté, s’effaçait peu à peu derrière les arbres, rentrait dans la nuit, épaississait l’incertitude. Désormais tu t’en irais seule vers un autre destin très inconnu. Tu ne pouvais plus me souffrir. Je m’étais rendu insupportable. Tu m’avais trop porté ? En amour, il y a donc des choses plus sérieuses que l’amour ? Pourquoi m’avoir tant aimé ou me l’avoir laissé croire ?... Moi, tu sais bien, je n’ai pas d’âme, je ne saisis pas toutes les intentions dont les enfers de vos cœurs de femmes sont pavés. Je ne suis qu’une pauvre bête. De toutes les lois que vous nous imposez, je n’ai retenu que celle de l’obéissance, je ne peux vouloir que ta volonté."
Désir, solitude et difficulté des relations... Alain Montarès, peintre reconnu, est obsédé par sa maîtresse qui s'est éloignée de lui ; il remet en question ses croyances en l'amour. Il rencontre par hasard une jeune femme avec une très belle bouche...