Dans cet essai incontournable qui lui a valu le Grand Prix du livre de la Ville de Montréal en 1977, Gilles Marcotte examine l’œuvre de quatre grands écrivains des années 1960 – Gérard Bessette, Marie-Claire Blais, Réjean Ducharme et Jacques Godbout – pour caractériser la modernité du roman québécois, lequel s’éloignerait du « grand réalisme » à la française et de l’Histoire pour explorer les aléas du quotidien et les possibilités du langage. En rendant compte de la spécificité du roman d’ici et de son avènement comme genre littéraire dominant, Le Roman à l’imparfait a ouvert la voie à tout un pan de la critique littéraire contemporaine. « Personne, à ma connaissance, n’a mis aussi clairement en lumière, ni de façon synthétique, le caractère tourmenté, éclaté, “imparfait” de l’ensemble du roman québécois des années soixante et soixante-dix. Je dis bien : l’ensemble, car les études de Marcotte ont beau porter seulement sur quatre romanciers […], et préserver la grande diversité de leurs œuvres, les conclusions de ces études valent pour beaucoup d’autres auteurs, pour les plus significatifs, en fait, si bien qu’il y a, à ces essais, de multiples prolongements possibles. » — François Ricard, Le Devoir