En 1923, avec Le Blé en herbe, Colette signe pour la première fois un livre du nom qu’elle s’est choisi. Sidonie Gabrielle Colette est enfin devenue Colette. Il lui aura fallu un demi-siècle pour se faire un nom et trouver sa place en littérature. Martine Reid retrace le long chemin qui a conduit Colette à s’émanciper de la tutelle familiale et masculine, à réaliser sa propre carrière artistique et à "devenir soi". Elle analyse les places multiples qu’occupe Colette dans la vie privée (enfant, mariée, divorcée) et dans la vie publique (auteure d’abord dissimulée derrière Willy, journaliste, mime et danseuse, modèle de photographes et conférencière). Si, tour à tour femme-enfant, sauvageonne ou figure maternelle, elle se révèle pétrie de contradictions, Colette est avant tout une femme éprise de liberté et avide de défis, dont l’identité, jamais figée, évolue au gré des rencontres et des expériences. Cet essai interroge les faits de la vie, les œuvres produites et les positions prises. Les replaçant dans un contexte historique et littéraire précis, il fait émerger une "Colette avant Colette" dans toute sa complexité. Il fait également ressurgir un débat qui n’a rien perdu de son actualité : comment exister comme femme dans un milieu littéraire masculin, quelle place y occuper, comment s’y faire un nom, et à quel prix ? Professeure émérite de littérature française à l’université de Lille, spécialiste des œuvres de femmes, Martine Reid est l’auteure de plusieurs ouvrages de critique littéraire et d’éditions de textes classiques. Elle a notamment dirigé Femmes et littérature : Une histoire culturelle ("Folio essais", Éditions Gallimard).