Peu appréciée lors de ses premières publications (Proust comme Lanson en jugeront le style détestable), la correspondance de Gustave Flaubert est aujourd’hui un monument littéraire unanimement célébré. Biographes et critiques en ont fait, et continuent d’en faire, un ample usage, tant pour élucider quelque particularité de la vie de l’auteur, que pour expliciter tel ou tel sens de l’œuvre. Lire la correspondance de cette manière, limite toutefois sa portée comme ses intentions, et risque de la confiner au seul rôle de discours d’escorte. D’autres lectures sont possibles, et souhaitables. Ainsi, peut-on privilégier un moment le fonctionnement de cette correspondance, en la rendant à sa dimension dialogique, échange continu de propositions entre Flaubert et ses correspondants. C’est l’optique choisie pour l’analyse et la critique de cinq correspondances croisées, qui montrent Flaubert en commerce épistolaire avec Maxime Du Camp, Marie-Sophie Leroyer de Chantepie, George Sand, Yvan Tourguéniev, et Guy de Maupassant. Ces correspondances donnent à voir les épistoliers aux prises avec les enjeux du va-et-vient postal ; elles affichent intentions comme équivoques ; elles offrent, enfin, de manière succincte mais paradigmatique, le portrait dynamique et complexe de Flaubert correspondant.