La Turquie, à travers les élections de ce printemps, s’est encore montrée emblématique du temps. Un temps où nombre de régimes politiques oscillent entre formes démocratiques et concentration autoritaire du pouvoir. Où l’inflation et la récession succèdent à d’impressionnantes périodes de croissance. Où le dérèglement international ouvre les voies de diplomaties tous azimuts, balançant entre fidélités politiques variées. Face à la guerre d’Ukraine, Ankara joue toutes ses cartes en élargissant ses espaces de présence et d’intervention. Elle est plus nécessaire que jamais à tous ses partenaires, quel que soit son destin intérieur.
La Chine était promise par les discours occidentaux à une position de domination pour le très court terme mais les choses semblent tourner quelque peu différemment. Les facteurs qui ont permis la croissance inédite de ces dernières décennies semblent s’épuiser. Et le résultat des stratégies économiques de Pékin est pour l’heure incertain, dans un contexte marqué au premier chef par les politiques américaines. La Chine pèsera demain, et lourd, mais les voies de son rebond sont encore peu claires.
Les événements d’Ukraine et le défi majeur sino-américain ne peuvent dissimuler pour les Européens d’autres enjeux de sécurité : sur quelle vision commune de notre histoire et de notre avenir se construira l’Europe de demain ? Avons-nous déjà basculé dans des sociétés du narcotrafic ? Pouvons-nous nous détourner des déstabilisations africaines, du Sahel jusqu’à la Corne ?