"J’ai tout de suite été séduit par les pénétrantes analyses de Mark Anspach. L’Œdipe qu’il nous livre ici n’est pas celui du fameux complexe mais celui que le complexe dissimule. C’est un Œdipe pour notre temps, un Œdipe pris comme nous dans les symétries aveuglantes du désir mimétique.
À la différence de nos besoins qui se passent très bien des autres pour se manifester à nous, car notre corps leur suffit, nos désirs ont une dimension sociale irréductible. Derrière nos désirs, il y a toujours un modèle ou médiateur le plus souvent non reconnu par les tiers et même pas reconnu par celui qui l’imite. En règle générale nous désirons ce que désirent les hommes autour de nous. Nos modèles peuvent être réels aussi bien qu’imaginaires, collectifs aussi bien qu’individuels. (...)
Le désir n’est pas mimétique seulement chez les médiocres, ceux que les existentialistes, à la suite de Heidegger, qualifiaient d’inauthentiques, mais chez tous les hommes sans exception, y compris le plus authentique à nos propres yeux, nous-même. " René Girard