Alors que les débats sur la laïcité sont nombreux et vifs, il est essentiel de revenir sur le processus qui a conduit à loi de 1905, séparant les Églises et l'État. Jamais une « loi de liberté » (A. Briand), n’aurait dû advenir car deux France – la « fille aînée de l’Église » et celle issue de la Révolution – se combattaient, entraînant le pays vers une « guerre civile ». Or un retournement de situation se produit. La loi la plus importante de la Troisième République s’élabore avec des majorités variables, issues des deux camps antagonistes. Ce résultat découle de la superposition de deux conflits ; en effet à cette « guerre » séculaire de deux France s’ajoute une très inattendue « guerre » des gauches, significativement oubliée, qui met aux prises Jaurès et Clemenceau. En définitive se réalise un « équilibre des frustrations », fondé sur de nombreux paradoxes. Cette étude, de loin la plus complète jamais rédigée sur une loi plus célèbre que connue, renouvelle son approche en traquant les oublis mémoriels, en montrant l’importance du contexte international (guerre russo-japonaise), la référence à des modèles étrangers (Mexique, États-Unis...), les stratégies des forces politiques et religieuses, les différentes visions de la Séparation qui se sont opposées et les stratagèmes victorieux de Briand, oscillant entre Weber et Marivaux. L’auteur énonce 32 thèses novatrices : elles permettent de comprendre pourquoi une loi, qui semblait irréalisable, est devenue un fait historique majeur, toujours actuel en notre xxie siècle, où la liberté de conscience et la neutralité de la puissance publique, bref la laïcité, sont plus que jamais au premier plan de nos préoccupations.